5 idées fausses sur le burn-out

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Dans le langage courant, le terme de burn out est mis à toutes les sauces, pour désigner à tort une simple indigestion passagère de boulot, une sensation d’épuisement, un ras-le-bol temporaire de sa chefferie… Le vrai burn-out est une lame de fond, qui ronge en douce ses victimes, et les abat d’un coup.

1. Le burn out, c’est la maladie à la mode

Dans le langage courant, le terme de burn out est mis à toutes les sauces, pour désigner à tort une simple indigestion passagère de boulot, une sensation d’épuisement, un ras-le-bol temporaire de sa chefferie… Le vrai burn-out est une lame de fond, qui ronge en douce ses victimes, et les abat d’un coup. Comme les hommes et les femmes que nous avons rencontrées pour ce livre. Edouard le banquier, au volant de sa voiture, s’est évanoui dans un embouteillage. Anne la journaliste a quitté son bureau avec sa tasse de café encore pleine. Pierre-Yves le prof a quitté sa salle de classe au milieu d’un cours… Virginie, cadre marketing, n’a pas pu se lever un matin: « Mon corps refusait littéralement de m’obéir ». Et ce cataclysme les a mis hors-jeu pendant des mois, des années. Le travail les a « tués ».

2. Cela ne frappe que les gens fragiles

Il arrive que le burn out révèle une faille. Nous en avons tous. Mais la plupart des hommes et des femmes dont nous retraçons la descente aux enfers étaient costauds, performants dans leur travail, heureux dans leur vie privée, sans problèmes particuliers. Des dévoués qui s’impliquaient à fond dans ce travail qu’ils aimaient, et qu’ils ne voulaient pas faire mal par faute de moyens, ou pour cause de consignes contradictoires, d’objectifs impossibles à tenir, d’impératifs contraires à leur éthique personnelle. Le burn-out nous concerne tous potentiellement. Le vrai, celui qui terrasse sans qu’on l’ait vu venir, tombe plutôt sur les bosseurs et les consciencieux. Ces qualités autrefois reconnues ne sont plus celles qui prévalent d’aujourd’hui. « Cela ne devrait pas être un défaut d’être perfectionniste ! » soupire Anne.

3. Le burn out ne touche que les grandes entreprises

On le croit, car les spectaculaires vagues de suicides chez France-Telecom ou Renault nous ont tous choqués. Rendue visible par l’effet de masse, la souffrance des salariés a stupéfié. Mais les restructurations inhumainement gérées et les dérives de grands dirigeants obsédés par la réduction des coûts ne sont pas seules à secréter du burn out. On trouve partout du management toxique, des hiérarchies tordues, des collègues vénéneux, la solitude face aux responsabilités diluées, le manque de sens d’un travail dont la valeur est niée. Y compris dans les petites entreprises et la fonction publique, comme on l’a vu récemment avec le suicide d’un cardiologue à l’hôpital Pompidou. Ou chez les professions libérales -avocats, médecins, architectes – les patrons, les agriculteurs, les cuisiniers, les journalistes… le burn-out frappe partout, dans toutes les professions.

4. Le burn out, c’est comme une dépression

Ne dites pas à une victime de burn out qu’elle est en dépression. « Je suis victime d’une institution qui m’a rendu malade, » corrige Pierre-Yves. On peut laisser dire à certains médecins, au vu de symptômes voisins, que le burn out est une forme très particulière de dépression. Pourtant, alors que celle-ci se traduit généralement par un trouble lent de l’humeur, le burn out n’est pas toujours, loin de là, précédé par une période de tristesse. La dépression peut être motivée par un déséquilibre personnel indépendant du contexte, le burn-out est lié à l’organisation du travail. Les traitements adaptés à la dépression soignent d’ailleurs mal ce syndrome d’épuisement professionnel. Pour sortir du burn-out, il faut, outre beaucoup de temps, une rupture radicale avec l’univers professionnel. Au prix souvent d’un changement total de métier ou de vie. Le burn-out, contrairement à la dépression, alerte sur les dysfonctionnements du monde professionnel et les valeurs de notre société.

5. Le burn out n’est plus tabou

On en parle partout, comme on parle d’un rhume des foins ou d’une grippe saisonnière. Mais en réalité, le burn out se vit mal, et caché. La plupart des personnes dont nous racontons l’itinéraire nous ont demandé l’anonymat total. Ces ex-battants ne supportent pas d’être en arrêt maladie à la charge de la Sécurité sociale. « J’ai honte, dit Edouard le cadre bancaire. Et je leur dirais quoi, à mes clients, à mes relations? » Ils savent que leur décrochage sera décodé comme une preuve de faiblesse. Les gens ont encore du mal à comprendre que les ressorts d’un burn out ne sont pas à chercher chez celui qui en est victime mais dans l’environnement professionnel qui l’a suscité. Ils ne veulent pas savoir, pas voir. La personne en burn-out est souvent très seule, oubliée de son ancien monde, comme effacée. En disant « stop », en sortant du circuit, elle culpabilise autrui et fait peur.

Le livre d’Emmanuelle Anizon et Jacqueline Rémy sort chez Flammarion le 3 février.

Source : 5 idées fausses sur le burn-out

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