7 idées reçues sur les réfugiés – sudinfo.be
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Histoire de tordre le coup à sept idées reçues que l’on entend trop, voici quelques explications avec deux experts de premier plan de l’ULg : Marco Martiniello, directeur du Centre d’Études de l’Ethnicité et des Migrations, et Hassan Bousetta, professeur, chercheur et spécialiste des politiques migratoires.
1. « Accueillir les réfugiés coûte cher et on paie ça avec notre argent »
M.M. : « Dès que l’on fait quelque chose, cela coûte d’office de l’argent. La question fondamentale ici, c’est de savoir si l’on veut que la Belgique reste une nation démocratique, respectueuse de ses engagements par rapport à la Convention de Genève, aux Droits de l’Homme »
H.B. : « D’ici 2-3 ans, ces personnes deviendront des travailleurs et des consommateurs de notre pays qui vont rendre bien plus que ce qu’ils n’ont coûté à la société. »
2. « On ne peut de toute façon pas accueillir toute la misère du monde »
H.B. : « Si l’Europe accueillait vraiment toute la misère du monde, nous aurions en priorité des personnes du Niger, de Somalie, soit les nations réellement les plus pauvres. Ici, cela n’est pas le cas : ce sont des gens qui fuient la guerre. Les migrations en général ne correspondent que peu à la misère du monde. En général, ce sont même les gens qui ont des moyens qui viennent en Europe. Et donc, une situation. »
M.M. : « Seuls 20 % des migrations concernent des mouvements Sud-Nord. Dans ces 20 %, un pourcentage encore moindre touche l’Europe, puisqu’il y a aussi les États-Unis, par exemple. Et là encore, il faut diminuer le pourcentage, car beaucoup sont des personnes qualifiées, qui avaient de l’argent pour payer un tel trajet. »
3. « Ils vont prendre nos logements sociaux, alors qu’il n’y en a déjà pas assez »
M.M. : « C’est totalement faux, on n’attribue pas de logements sociaux. Durant la procédure de reconnaissance comme demandeur d’asile, l’État fournit une aide matérielle (un logement via des places dans des centres ouverts, la nourriture et les soins). »
4. « Ils vont prendre nos jobs »
H.B. : « Je crois surtout qu’ils vont en créer. Si l’on regarde les phénomènes migratoires aux USA début et fin du 20è siècle, ce pays a accueilli les meilleurs cerveaux, y compris européens, qui ont permis de créer des jobs, de participer à la success story américaine. »
M.M. : « Il y a des dentistes, des chirurgiens, des ingénieurs parmi les réfugiés. Alors vont-ils prendre le job des Belges ? C’est extrêmement réducteur de dire cela. Des jobs, de manière générale, il n’y en a pas assez. Mais que veut-on à la fin ? Si ces personnes ne travaillent pas, on dit qu’elles profitent du système. Et quand elles travaillent, elles piquent les emplois des Belges. Cela n’a aucun sens. »
5. « Ils vont de toute manière rester entre eux et ne s’intégreront jamais »
H.B. : « C’est un risque et l’on doit y travailler, ne soyons pas naïfs. Certains auront plus besoin d’aide que d’autres via une politique d’intégration proactive. Mais de manière globale, on a constaté que les personnes qui arrivent veulent se battre pour réussir. Je rappelle que « Ernst & Young » a décerné le prix de meilleur entrepreneur du monde en 2015 à Mourad Altrad, réfugié syrien établi à Montpellier. Aujourd’hui, il crée beaucoup d’emplois et augmente les rentrées pour l’État.
6. « On leur donne de l’argent à eux, alors qu’il n’y a rien pour nos SDF »
M.M. : « C’est faux, à nouveau. Pas d’argent, juste une aide matérielle. Et dire qu’on ne fait rien pour les plus pauvres n’est pas correct non plus, il y a des structures qui existent. »
7. « Il y a des terroristes cachés qui profitent du système »
M.M. : « Les organisations terroristes comme Daesh ont bien d’autres moyens, notamment financiers, pour commettre leurs méfaits. Par contre, il est vrai que des passeurs peuvent se faire passer pour des réfugiés pour éviter de se faire prendre. »
H.B. : « Peut-être qu’il peut y avoir des repentis de Daesh, par exemple. Qui peut dire le contraire ? Mais de un, ce n’est pas certain et, de deux, cela serait un infime pourcentage. »