« Le mot de matin première : Réfugié  » Fabrice Grosfilley.

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Réfugié, celui qui cherche refuge. Le réfugié quitte son pays et demande l’asile. Le mot vient du latin fugere qui signifie fuir, il est explicitement lié à la notion de danger. La convention de Genève indique qu’un réfugié craint avec raison d’être persécuté (en raison de sa race, de sa religion, de son appartenance à un groupe social ou de ses opinions politiques).

Employer réfugié ou migrant n’a donc pas la même signification et le débat qui touchait le monde anglo-saxon a désormais lieu dans les rédactions francophones.

Réfugié ou migrant c’est une question de degrés. Le migrant cherche une vie meilleure, alors que le réfugié n’a pas le choix. A Bruxelles, Liège ou Charleroi nous avons beaucoup de Français, d’Espagnols ou d’Anglais, qui sont des migrants et pas des réfugiés. Parler de migrants c’est sous-entendre que ceux qui tentent d’entrer en Europe n’ont pas forcement droit à l’asile. C’est nier que la situation dans le pays départ impose forcement l’exode. On préfère migrant quand on estime qu’une part importante de ces demandeurs d’asile sont mus autant par des considérations économiques que par des questions de sécurité.

Vous noterez que le terme de migrant implique l’idée de nombre. Confus, globalisant, on l’emploie systématiquement au pluriel : la crise des migrants. Au singulier vous ne croisez pas un migrant, vous rencontrez un immigré.

Le mot de réfugié est fortement connoté par l’actualité

Aujourd’hui nous pensons instantanément à l’Irak ou la Syrie. Dans les premières éditions du dictionnaire de l’académie française (XVIIème siècle) réfugié désigne les calvinistes qui s’installent en Allemagne. Un peu plus tard, on emploie réfugiés (puis émigrants, déjà la confusion) pour désigner les royalistes qui fuient la révolution française. En 1915 les réfugiés de la presse française sont les Belges qui arrivent en France pour échapper aux troupes allemandes. A l’époque 350 000 personnes franchissent la frontière, et vous savez quoi ? On n’a pas pensé à ériger une clôture. 1940, nouvelle guerre, nouveau déplacement de population. En Belgique et en France, plus de 8 millions de réfugiés. Après-guerre quand on parle des ritals, c’est le R de réfugié suivi du mot italien, une mention qui figurait sur les papiers d’identités.

Résumons. Parler de réfugié c’est reconnaitre que face à Daesh il n’y a souvent d’autre choix que partir ou mourir. C’est aussi se souvenir que la Belgique, aujourd’hui pays d’accueil, fut longtemps le point de départ de nombreux réfugiés.

 

Source : Le mot de matin première:réfugié du 31 août 2015, Matin Première : RTBF Vidéo

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