#TrumpBanned : pour une régulation démocratique des réseaux sociaux
RetourLe 9 janvier dernier, Twitter – à la suite de Facebook, Instagram, Snapchat et Twitch – a décidé de suspendre le compte du Président américain, Donald Trump[1]. Trois jours après les événements survenus au Capitole[2], les principaux réseaux sociaux ont pris une décision radicale.
Radicale… finalement. Car il aura fallu une tentative de prise d’assaut du Parlement américain par quelques groupes de séditieux fascistes, soutenus par le plus haut fonctionnaire du pays et sa clique népotiste, pour décider ces géants du numérique à intervenir.
Ces tardives réactions, si La Cible/Clic-Gauche tient à les saluer, ne nous rendent pas dupes. En effet, Twitter a été – trop – longtemps durant la plateforme préférée du Président. Sans jamais se départir de son opportunisme cynique, elle lui a servi la soupe, malgré une longue succession de discours dignes de l’extrême droite. Discours souvent pires que ceux ayant in fine entraîné sa mise en sourdine. Discours dénoncés par de nombreuses personnes utilisatrices des réseaux, mais sans réponse probante. C’est seulement acculé après les événements du 6 janvier, appelés de ses vœux par M. Trump, que le site de microblogage lui a coupé le sifflet….
#TrumpBanned
D’où la volonté de La Cible/Clic-Gauche de situer l’enjeu véritable de cet acte. Au moment où Twitter réduisait au silence Donald Trump, le mal était fait. Largement. Ses diatribes multiples ont depuis plusieurs années fait germer nombre d’opinions au mieux farfelues, au pire immondes. Qui, à leur tour, ont vu leur lot de factieux s’en emparer, trouvant dans les propos du Président des États-Unis une légitimation inespérée de leurs propres idées racistes, antisémites, xénophobes, sexistes, misogynes, homophobes, transphobes, etc.
La Cible/Clic-Gauche déplore, par conséquent, l’inertie coupable de la firme de San Francisco. À travers cet événement, on découvre que les réseaux sociaux sont, en réalité, davantage que de simples vecteurs d’infos, comme on a souvent tendance à les considérer, mais de véritables médias, comme il s’agit peut-être de les mentionner[3].
Comme tout média, les réseaux sociaux ont le devoir de faire respecter la législation qui circonscrit chaque débat. La Cible/Clic-Gauche rappelle avec force de conviction qu’en Belgique la liberté d’expression n’est pas absolue, mais encadrée par la loi – Moureaux, en l’occurrence. Loi qu’il serait opportun d’appliquer plus efficacement sur le terrain des échanges numériques. Pour qu’enfin prennent fin les arguments nauséabonds.
Pour que cesse également le flot d’insultes dont sont victimes les progressistes du net, femmes principalement. Le harcèlement a fait de trop nombreuses victimes et a considérablement amenuisé la qualité des débats. Les journalistes Myriam Leroy, Florence Hainaut, Sofia Cotsoglou, l’essayiste Marie Peltier, la politique Margaux De Ré, trop nombreuses sont celles ayant décidé de fermer leurs comptes, car perpétuellement agressées par une horde de réactionnaires sentencieux. Ultime paradoxe obligeant les pourchassées à quitter les réseaux et non leurs traqueurs.
L’éradication les idées d’extrême droite passe aussi par le combat que nous devons leur porter sur les nouveaux moyens de communication. Il est donc impératif de légiférer en ce sens au plus vite. En ce qui nous concerne, seule la loi peut limiter la liberté d’expression. Belge, voire européenne. Afin qu’elle ne soit pas laissée à la seule appréciation des entreprises privées.
adios
[1] Les explications fournies par Twitter le 9 janvier dernier sont à découvrir ici : https://blog.twitter.com/en_us/topics/company/2020/suspension.html
[2] Le détail des faits est disponible ici : https://www.rtbf.be/info/monde/detail_chaque-jour-revele-un-peu-plus-la-violence-de-l-assaut-sur-le-capitole?id=10671037
[3] Voir à ce sujet la chronique « Les coulisses du pouvoir » de Bertrand Henne sur Matin Première – RTBF du 11 janvier : https://www.rtbf.be/auvio/detail_les-coulisses-du-pouvoir?id=2723230